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Florence Masiero

Nous sommes pris dans la glace !

Blog du 20 au 21 février

(english version at the bottom of the blog)


Pour des raisons de recharge et d’entretien, il est nécessaire que l’AUV reste sur le pont. Toutefois, nous sommes sur un tapis roulant qui se meut aléatoirement selon son humeur ou celle d’Éole. Le tapis s’est emballé et nous nous retrouvons à plusieurs nautiques du point estimé de l’Endurance.

Une immense plaine de glace longue de plusieurs kilomètres à mis les scellés. Le capitaine des glaces fait chauffer la machine à blanc. Sous les yeux d’un phoque ébahi, le frein est lâché. Le navire fend la glace à 10 nœuds. Mais elle résiste. Le vacarme est assourdissant, l’Agulhas vibre, de la machine à la passerelle. Une lutte inégale car les milliers de chevaux viennent à bout de la matière. Notre route s’imprime comme un trait d’encre sur une feuille de papier blanc. Cela m’attriste. La rudesse de l’homme est sans égale dans cet environnement pourtant si pur. Dans notre sillage, des blocs de plusieurs tonnes émergent tels des ballons que l’on aurait immergés, puis lâchés.

Dans notre sillage, deux baleines de Mink indifférentes au chaos, respirent dans l’eau libre créée par notre passage. Ces baleines sont incroyables ! Elles sortent tel un diable du chapeau dans un confetti d’eau ! Sous cette peau de glace, comment trouvent-elles leur chemin ?


Épuisée, la monture s’arrête soudain. Apeurée, une colonie d’Adélie s’égaille. La fuite sera de courte durée. En dandinant, les manchots rejoignent rapidement leur château de neige et reprennent leurs activités de statues.

Durant la nuit les techniciens s’activent à la préparation de la nouvelle plongée. Au matin, la dérive nous a replacés à quelques kilomètres à l’est et nous contraint au déplacement. Le ciel est brumeux et un tapis de neige recouvre le bateau. Le contraste est saisissant. La veille le soleil avait brillé de mille feux.


Mais voilà, le navire est pris dans la glace ! Les hélices latérales sont mises en route pour « nettoyer » et disloquer l’amas d’eau gelée amoncelé le long de la coque. La citerne contenant le carburant des hélicoptères est débordée de bâbord à tribord à l’aide de la grue. Ainsi le navire gite bord sur bord et se défait de cette emprise. L’Agulhas est libéré après quelques heures de manœuvre et s’en va chercher une autre route moins dense.

Je prends conscience alors des conditions dans lesquelles se sont trouvés les hommes de l’Endurance. Pour un temps et à quelques centaines de mètres de là, où git probablement le mythique navire, j’ai entendu les glaces se comprimer, s’entrechoquer et j’ai ressenti alors toute la puissance de cette matière qui pourtant semble inerte !


Blog from 20th to 21st of February

We are stuck in the ice!

For recharging and maintenance reasons, it is necessary for the AUV to remain on deck. However, we are on a conveyor belt that moves randomly according to its mood or that of Aeolus. The conveyor belt has gone haywire and we find ourselves several nautical miles from the Endurance's estimated point.

A huge ice plain several kilometres long has been sealed off. The ice captain heats up the machine to white. Under the eyes of a stunned seal, the brake is released. The ship splits the ice at 10 knots. But it resists. The noise is deafening, the Agulhas vibrates, from the engine to the bridge. It is an unequal struggle, as the thousands of horses are able to overcome the material. Our route is printed like an ink line on a sheet of white paper. This saddens me. The harshness of man is unparalleled in this environment, which is so pure. In our wake, blocks weighing several tons emerge like balloons that have been submerged and then released.

In our wake, two Mink's whales, indifferent to the chaos, breathe in the open water created by our passage. These whales are incredible! They come out of the hat like a devil in a confetti of water! Under this icy skin, how do they find their way?

Exhausted, the mount suddenly stops. Frightened, a colony of Adelie goes astray. The escape is short-lived. The penguins waddle back to their snow castle and resume their statue-like activities.

During the night the technicians are busy preparing the new dive. In the morning, the drift has put us back a few kilometres to the east and forces us to move. The sky is foggy and a carpet of snow covers the boat. The contrast is striking. The day before the sun had shone brightly.

But now the ship is stuck in the ice! The side propellers were set in motion to "clean" and break up the frozen water that had built up along the hull. The tank containing the helicopters' fuel was lifted from port to starboard with the crane. The ship then heeled over and broke free of this hold. After a few hours of manoeuvring, the Agulhas is released and goes off to find another, less dense route.

I then became aware of the conditions in which the men of the Endurance found themselves. For a while and a few hundred metres away, where the mythical ship probably lies, I heard the ice compressing and colliding and I felt all the power of this matter which seems inert!


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